LEWIS EN TOUTE DISCRÉTION
Sans avoir l’air d’y toucher Lewis Hamilton fait peu à peu main basse sur le championnat 2014 de F1. La discrétion lui va bien. Bien vu, bien connu, mais sans excès. A l’image de son équipier et rival Nico Rosberg, d’ailleurs. Tirant depuis quatre Grands Prix le meilleur parti de sa Mercedes W05, sans aucune esbroufe, Lewis distance irrémédiablement Nico qui lui avait tenu tête en début de saison. Mais qui n’y parvient plus. Si le titre avait été attribué au lendemain du G.P. de Russie ponctué par un nouveau doublé Mercedes, personne n’aurait trouvé à y redire. On considèrerait que, sur l’ensemble de la saison, le meilleur l’aurait bel et bien remporté. Ce qui nous fait d’autant plus craindre les conséquences du 19e et dernier rendez-vous de la saison (à Abu Dhabi). Car sous prétexte de maintenir jusqu’au bout le suspense concernant l’attribution du titre, le barème ne sera rien moins que multiplié par deux à cette occasion. Avec tout ce que cela peut entrainer d’iniquité. Pour ne pas dire d’injustice…
Johnny RIVES.
50 CONTESTABLES POINTS !
Dans l’hypothèse « idéale » où Hamilton et Rosberg se partageraient équitablement deux éventuels doublés Mercedes aux Etats-Unis et au Brésil, avant Abu Dhabi, ils y arriveraient avec la même différence comptable qu’aujourd’hui – soit 17 points à l’avantage de l’Anglais. Dans ce cas là, Rosberg pourrait impunément s’adjuger l’ultime victoire à 50 points sans que l’on hurle au scandale. Car en se contentant de la 2e place (à 36 points), Hamilton ceindrait la couronne avec 3 points d’avance – mais surtout un score de 10 victoires à 6. Ça serait équitable. Dans le cas inverse où Rosberg triompherait au Texas et à Sao Paulo, gagner à Abu Dhabi ferait de lui le champion du monde. Mais cette fois, malgré un score de 9 victoires à 7 en faveur d’Hamilton, ce verdict pourrait être acceptable – même s’il devait trouver à coup sûr des contestataires…
Ce qui paraitrait injuste serait qu’Hamilton, à cause d’un abandon, perde toute son avance actuelle. Car dans ce cas, avec l’avantage de 14 points qu’elle offrira au vainqueur d’Abu Dhabi, un succès de Rosberg paraitrait la conséquence contestable de l’aberrante décision de doubler les points du dernier Grand Prix. Peut-être nous avançons-nous trop et que rien de fâcheux ne surviendra à cause de ce doublement ? Peut-être, oui. Alors le mieux est d’attendre.
UN IMPRESSIONANT DEMI-CERCLE
Le circuit de Sotchi ne nous a pas valus une course plus incertaine qu’ailleurs. Débarrassé de Rosberg dès le premier freinage, Hamilton s’est contenté d’une rapide mais aimable promenade de santé. La remontée de Rosberg aurait pu pimenter l’affaire, mais elle était si prévisible, tellement inéluctable, qu’elle n’a engendré aucun suspense. Derrière les Mercedes, Bottas s’est maintenu avec une belle constance hors de portée des McLaren pourtant en progrès. Quant aux Ferrari et aux Red Bull, il n’y a pas grand chose à écrire sur leurs courses anonymes…
Le spectateur lambda s’est donc ennuyé en suivant le premier Grand Prix de Russie de l’histoire de la F1. De ce point de vue, Vladimir Poutine n’a rien manqué en débarquant avec retard sur le circuit de Sotchi. En revanche, l’amateur guettant ce qu’il peut y avoir d’esthétique dans les Grands Prix – par exemple le mouvement d’une monoplace lancée à la limite de la perte d’équilibre dans une courbe – cet amateur là a eu pas mal d’actions pour s’en régaler.
En début de course, surtout, quand Red Bull et Toro Rossa se sont disputées comme des chiennes, avec parmi elles une McLaren et une Ferrari. Jean-Eric Vergne en a profité pour nous offrir quelques passes d’armes dignes des plus grands. Les plus beaux affrontements se sont déroulés dans cette grande courbe en demi-cercle. Notre JEV s’y est offert le luxe de tenir la dragée haute à Magnussen, Vettel, Ricciardo et autres Raïkkonen. Il s’y est battu roue dans roue, on dira épaule contre épaule, quitte à rouler sur la trajectoire la plus périlleuse (l’extérieure). Et cela sans l’ombre d’une hésitation. Des moments où l’on se félicitait d’être tranquillement assis dans notre canapé plutôt que d’être son passager !
Ces empoignades terrifiantes ne l’ont pas empêché d’être classé à une misérable 13e place, tant son équipe a insisté pour qu’il épargne du carburant. On espère pour lui qu’il ne restait pas la valeur d’un jerrican au fond de son réservoir à l’arrivée… Seule consolation, il a terminé dans le même tour qu’Hamilton bien qu’aucune « safety car » n’ait entravé la ronde infernale. Par bonheur, ajouterons-nous, avec une pensée émue pour Jules Bianchi.
Illustrations Illustration 1 : Podium Hamilton – Rosberg – Bottas © DR Illustration 2 : Johnny Rives © Lysiane Rives Illustration 3 : Podium Hamilton – V. Poutine © DR Illustration 4 : Soutien à Jules Bianchi © DR